ACTUEL/AKTUEL

RÉSUMÉ/KURZFASSUNG

DATEN/DATES

PRESSE

PHOTOS


RECHERCHES





PHOTO/FOTOS | SÉJOUR/FORSCHUNGSAUFENTHALT


Séjour de recherche en Hongrie
| Dans le cadre de la bourse OFF STAGE (dossier)


En effectuant des recherches en Hongrie nous avons eu connaissance de l’histoire qui s’est passée dans le village est-hongrois de Nagyrev. Ici, “au-delà du fleuve Theiss”, comme les hongrois le disent avec un léger malaise dans la voix, dans une région maudite logée au creux d’un des méandres de la Theiss, dès les années 10, une sage-femme du village de Nagyrev découvrit par hasard que l’arsenic présent dans le papier des pièges à mouche était soluble à l’eau. C’était au temps où les hommes revenaient de la guerre de 14-18 physiquement et psychiquement marqués par l’expérience du front. A cause des blessures de guerre, les ayant rendu inaptes aux durs travaux des champs, ainsi que des ravages de l’alcoolisme, beaucoup d’entre eux ne retrouvèrent pas leur ancien rôle de chef de famille.

Les femmes de Nagyrev se retouvèrent comme prises dans un éteau: depuis des années, elles avaient dû assumer à la fois le rôle de femme, d’homme, de mère et de père en vivant de surcroît constamment au bord de la misère domestique et voilà que resurgissait au bercail une “bouche à nourrir”, laquelle leur était émotionnellement et sexuellement parlant devenue étrangère.

Les femmes de Nagyrev cherchèrent donc une porte de sortie à cette situation de misère et la trouvèrent finalement dans l’arsenic extrait des pièges à mouche que la sage-femme du village (qui avait flairé là un bon commerce) leur revendait. Avec l’aide du poison, environ 150 personnes, particulièrement des hommes mais aussi des personnes handicapées, des enfants non désirés et des personnes agées, furent assassinées. Les meurtres eurent lieu sans discontinuer, jusqu’à la fin des années 20. Lorsque le scandale éclata, quelques femmes furent exécutées et beaucoup furent condamnées à de longues peines de prison. La sage-femme, figure centrale et guide spirituelle dont la devise “pourquoi t’encombres-tu de ce vieillard?” inspira cette vague d’ empoisonnements, se donna la mort à l’arrivée des policiers dans le village.

Inspirés par cette histoire, nous, les membres de la compagnie FRAKT’ (Alice Müller, Pascale Güdel, Gergely Kispal, Salomé Bäumlin, Simon Baumann) voudrions effectuer un séjour de recherche en Hongrie, dans le cadre de la bourse “OFF STAGE”. Nous aimerions, lors d’une période déterminée, nous extraire du quotidien suisse où culture et production vont à fortiori de pair (le centre progr à Berne par exemple, revendique la “Kulturproduction”) et nous confronter à un mode de vie qui est géographiquement parlant très proche mais qui fonctionne sur la base d’autres valeures que celles de la productivité et de l’efficacité – à moins que...; les femmes de Nagyrev n’éliminaient-elles pas leurs maris si ils n’étaient plus aptes à travailler dans l’exploitation paysanne? Il s’agit bien là de la dernière extrémité d’un processus d’application logique de l’éthique du travail capitaliste...

Quoi qu’il en soit, pour nous, l’objectif sera notamment de mettre à profit ces (pré)occupations approfondies, dans notre manière de concevoir la création en Suisse et partant, de développer une autre compréhension de notre rôle d’”acteur” sur le marché artistique et culturel. De plus, nos recherches nous amèneront concrètement vers notre prochain projet (prévu pour l’hiver 2008). En nous basant sur la tragédie de Nagyrev, nous nous intéresserons aux femmes qui, dans un environnement marqué par de fortes valeures patriarcales et de dures contraintes matérielles, prennent seules leur destin en main – appliquant impitoyablement, parfois sans le moindre sentiment de culpabilité, la théorie darwiniste de sélection naturelle.

Sur place en Hongrie, nous chercherons à créer des liens avec des musiciens, plasticiens et gens de théâtre pour “jammer”, comme diraient les jazzmen. Il ne s’agira pas de faire une observervation ethnologique de l’”autre”, de l’”exotique” mais plutôt de développer ensemble un véritable travail dans le cadre duquel nous aurons mutuellement beaucoup à apprendre, du fait de nos expériences et de nos caractéristiques culturelles très différentes. Nous espérons de cette façon rencontrer des artistes avec lesquels envisager une collaboration à l’occasion de notre prochain projet prévu pour l’hiver 2008 (titre provisoire “Arsen/Arsenic”) et au-delà.

De plus, nous nous rendrons sur les traces des meurtrières de Nagyrev, en faisant une recherche dans les archives locales et en interrogeant les descendants des personnes impliquées à l’époque. Nous voulons aussi nous laisser impreigner par les couleurs et les sons, les paysages et l’architecture. Grâce à notre comédien Gergely Kispal et à sa bonne connaissance de la langue hongroise et des fonctionnements locaux, les pièges dû à la barrière linguistique et les éventuels problèmes culturels ne devraient pas représenter une entrave dans nos recherches.

Très concrètement, nous voudrions louer un espace dans lequel vivre et travailler intensivement de manière collective pendant le mois de juin 2008, soit à Nagyrev ou dans une des villes voisines (Szolnok ou Tiszaföldvár). Nous aurons besoin d’un local ou atelier (type hangard, usine désaffectée, magasin vide, etc.) adapté à la recherche artistique, dans lequel nous pourrons travailler avec des artistes locaux et échanger des idées. Cet espace de travail sera petit à petit “aménagé” en fonction des expériences menées quotidiennement. Il s’agira d’en faire un lieu vivant et évolutif mais aussi de traiter/matérialiser nos expériences et impressions d’une manière “spatiale” et plastique.

Pour ce projet qui nous permettra d’une part de nous retirer brièvement de notre quotidien productif et d’autre part, nous mettra sur la voie de notre prochain spectacle, nous nous permettons de solliciter votre soutien financier! Ci-joint, vous trouverez un plan financier, une présentation de nos précédentes activités, de courtes biographies ainsi que les intentions artistiques de la compagnie FRAKT’.




Forschungsaufenthalt in Ostungarn | Im Rahmen des Stipendiums OFF STAGE (Dossier)

Bei Recherchen in Ungarn stiessen wir auf die Geschichte des ostungarischen Dorfes Nagyrév. Hier, "jenseits des Flusses Theiss", wie die Ungarn mit einem leichten Unbehagen in der Stimme sagen, in einem verwunschenen Landstrich namens "Theisswinkel" entdeckte in den 10er und 20er Jahren des 20. Jahrhunderts die Hebamme des Dorfes zufällig, dass das Gift in dem von ihr benutzten Fliegenpapier wasserlöslich ist. Es war die Zeit, in der die Männer des Dorfes aus dem 1. Weltkrieg heimkehrten, körperlich und seelisch von der Fronterfahrung gezeichnet.

Viele von ihnen fanden nicht mehr in ihre alte Rolle als Familienoberhaupt und Ernährer zurück, ihre Kriegsverletzungen verunmöglichten ihnen die Teilnahme an der harten Arbeit auf dem Land, der Alkoholismus grassierte. Die Frauen von Nagyrév waren in der Klemme: seit Jahren hatten sie die Rollen von Frau und Mann, Mutter und Vater übernommen, stets an der Grenze zur Verelendung wirtschaftend; nun kam ihnen ein zusätzlicher "Esser" ins Haus, der ihnen zudem auch emotional und sexuell fremd geworden war... Die Nagyréverinnen suchten einen Ausweg aus dieser Misere und fanden ihn schliesslich in dem Arsen, das die Hebamme -ein gutes Geschäft witternd- vom Fliegenpapier ablöste und ihnen verkaufte. Mit Hilfe des Giftes wurden in Nagyrév insgesamt über 150 Menschen, neben den Männern auch Behinderte, unerwünschte Kinder und "nutzlose" Alte getötet. Die Mordserie flog Ende der 20er Jahre auf, einige Frauen wurden hingerichtet, viele zu langen Gefängnisstrafen verurteilt. Die Hebamme, Zentrum und unter dem Motto "Was quälst du dich mit dem Alten rum?" spirituelle Anführerin der Vergiftungen, hatte sich schon zuvor, bei Ankunft der Polizei in Nagyrév das Leben genommen...

Inspiriert durch diese Geschichte möchten wir, die Mitglieder von FRAKT' (Alice Müller, Pascale Güdel, Gergely Kispál, Salomé Bäumlin und Simon Baumann) im Rahmen des "OFF STAGE"-Stipendiums einen einmonatigen Forschungsaufenthalt in Ostungarn verbringen. Hier möchten wir uns zum einen tatsächlich für eine gewisse Zeit aus dem Schweizer Alltag der "Kulturproduktion" (Slogan des Berner progr) ausklinken und eine Lebensweise kennenlernen, die zwar geographisch so nah liegt und doch ganz andere Werte kennt als Produktivität und Effizienz - oder doch nicht? Schliesslich töteten schon die Nagyréver Arsenmörderinnen ihre Ehemänner, weil sie nicht mehr im bäuerlichen Betrieb mitarbeiten konnten - letzten Endes eine konsequente Durchführung der kapitalistischen Arbeitsethik... Jedenfalls hoffen wir, von dieser eingehenden Beschäftigung auch in unserem schweizerischen Produktionsalltag zu profitieren und ein anderes, differenzierteres Verständnis für unsere Rolle als "player" auf dem Kunst- und Kulturmarkt zu entwickeln.
Zum anderen sollen unsere Recherchen uns konkret auf unser nächstes Projekt (voraussichtlich im Winter 2008) hinführen: Ausgehend von der Geschichte der Arsenmörderinnen werden wir uns mit ihnen und mit anderen Frauen beschäftigen, die in einer von patriarchalen Wertvorstellungen und materiellen Zwängen bestimmten Umwelt ihr Schicksal selbst in die Hand nehmen - und zugleich ohne jegliches Schuldbewusstsein das darwinsche Prinzip der natürlichen Auslese gnadenlos in die Tat umsetzen.

In Ungarn möchten wir uns mit dortigen Musikern, Künstlern, Theaterschaffenden vernetzen und mit ihnen "jammen", wie Jazzer sagen würden. Dabei geht es uns nicht um eine interessierte Betrachtung des "Anderen", "Exotischen", sondern um eine echte

Zu sammenarbeit, in deren Rahmen wir gegenseitig auf der Basis unserer ganz unterschiedlichen Erfahrungen und kulturellen Prägungen voneinander lernen. Wir hoffen, auf diese Weise Kollegen kennenzulernen, mit denen wir bei unserem nächsten, für Winter 2008 geplanten Projekt (Arbeitstitel "Arsen") und darüber hinaus kooperieren können.
Ausserdem möchten wir auf den Spuren der Nagyréver Morde vor Ort in Archiven forschen, Nachfahren von Beteiligten befragen und uns von Farben und Klängen, von der Landschaft und der Architektur durchdringen lassen. Durch die sprachlichen und lokalen Kenntnisse unseres Schauspielers Gergely Kispál ist gewährleistet, dass Sprachbarrieren und andere kuturelle Probleme keine Hindernisse für unsere Nachforschungen darstellen werden.

Rein technisch möchten wir im Juni 2008 in Nagyrév oder den benachbarten Städten Szolnok bzw. Tiszaföldvár geeignete Räumlichkeiten anmieten, wo wir einen Monat lang gemeinsam leben und intensiv zusammenarbeiten möchten. Im Zentrum soll dabei ein für die künstlerische Arbeit geeigneter Atelierraum stehen (Werkshalle, leerstehendes Ladenlokal oder ähnliches), in welchem wir mit ungarischen Kulturschaffenden proben und uns austauschen können. Darüber hinaus möchten wir diesen Arbeitsraum sukzessive als "Erfahrungsraum" gestalten, in dem wir die Eindrücke unseres Aufenthaltes in gestalterischer Weise verarbeiten.

Für dieses Vorhaben, das für uns einerseits ein kurzes Zurücklassen unseres Produktionsalltags bedeutet, zugleich jedoch auch in Richtung unseres nächsten Projektes weist, bitten wir Sie um Ihre Unterstützung! Im folgenden finden Sie eine Kostenrechnung, eine Darstellung unserer bisherigen Tätigkeit, Kurzbiographien der Beteiligten sowie eine künstlerische Standortbestimmung von FRAKT’.